La fermeture du stade olympique pour travaux pose la question de la qualité des infrastructures livrées par la Chine ?

 

Abidjan le 29 Septembre 2021
image.png             Moins d'un an après son inauguration par le président de la République (le 03 Octobre 2020) la                           pelouse du stade  est hors d'usage.  L'infrastructure a-t-elle été construite selon les normes ?                       Faut-il craindre une dégradation précoce de l'ensemble de l' édifice ? 



La fermeture du stade Olympique Alassane Ouattara d'Ebimpé pour travaux sur la pelouse, moins d'un an après son inauguration, met de nouveau sur la table la question de la qualité des infrastructures livrées par la Chine. Tout d'abord c'est totalement inadmissible que la CI soit condamnée à jouer ses deux prochains matchs de qualification du Mondial 2022 à l'extérieur. La dégradation de la pelouse, aussi précoce soit-elle, ne s'est pas faite en un jour. Sur les trois dernières rencontres avant le match contre le Cameroun, on pouvait noter une pelouse moins verte par endroits. Il fallait réagir à ce moment-là. L'ONS, le Ministère des Sports, la FIF, quelqu'un a fait preuve de laxisme. Aujourd'hui cette situation dégrade considérablement l'image du pays.


Il faut aussi nuancer cette question de " don " au sujet de ce stade.  La CI avait lancé un appel d'offres pour la construction d'un stade olympique qui devait s'inscrire dans le cadre d'une cité olympique. Ainsi l'appel d'offres ne concernait pas la cité mais le stade en premier lieu. Les Chinois ont proposé de construire l'ensemble de la cité olympique à 143 milliards de FCFA. Dans ce montant, le stade olympique était construit gracieusement à 67 milliards, et les autres composantes de la cité facturées à 76 milliards. La CI a choisi cette offre parmi d'autres. Ainsi la construction du stade fait partie d'une offre globale. Le stade n'est pas un don unilatéral de la Chine. Il condamne la CI à recourir à la Chine pour le reste de la cité olympique.


Concernant le problème de fond, c'est à dire la qualité des infrastructures construites par la Chine, le stade olympique n'est pas un cas isolé. La mise en service du barrage de Soubré, livré le 02 Novembre 2017 et construit par la Chine, a entraîné une gigantesque panne de 08 heures qui a affecté le réseau électrique de tout le pays. Ce barrage connaît des avaries fréquentes, la dernière en date est un grave incendie dans l'une de ses turbines dans la nuit du 13 au 14 Septembre dernier. 


Ailleurs en Afrique, le 26 juin 2017, un pont livré par la  Chine au Kenya s’effondrait seulement 06 jours après son inspection finale. Fort heureusement il n’avait pas encore été mis en service.  La corniche de Brazzaville, inaugurée en Janvier 2016, s’est  effondrée en partie le  09 Février 2020 après une semaine de pluies abondantes, suscitant des inquiétudes sur la solidité du pont à haubans qui se situe dans son prolongement. Toujours au Congo Brazzaville, le complexe olympique livré par la Chine en 2014 est aujourd'hui en ruines. En cause le manque d'entretien, mais aussi la qualité des matériaux .


Lorsque les Chinois financent une infrastructure, ils bouclent le projet de bout en bout, les Etats ne décident de rien. Tout est validé en Chine. Les bureaux de contrôle censés certifier que les infrastructures sont construites selon le cahier de charges viennent aussi de Chine.  Malheureusement, après réception des infrastructures, pour ne pas froisser les Chinois, les Etats africains ne font pas certifier la fiabilité des installations par une expertise indépendante. Si tel avait été le cas au stade olympique d'Ebimpé, on aurait sû que la pelouse n'était pas aux normes et on aurait pu anticiper les travaux actuels. 


D'ailleurs, il n'est pas exclu que d'autres parties de ce stade, notamment le système d'éclairage, les installations électriques, les canalisations etc........subissent aussi une dégradation précoce. Le 28 Novembre 2018, la CI annonçait la mise sur pied d’une agence chargée de suivre les infrastructures construites par la Chine dans le pays. Cette annonce avait fait grand bruit dans la presse africaine,  et même au-delà. Mais elle ne s'est jamais concrétisée car les Chinois ont vu cela d'un mauvais œil. 


Aujourd'hui les quatrième et cinquième ponts d'Abidjan sont encore construits par la Chine. Toutefois on peut se rassurer. Les financements n'étant pas chinois,  les bureaux de contrôle sont indépendants.  Et on peut espérer qu'ils veilleront au respect du cahier des charges dans la construction de ces deux infrastructures.     Douglas Mountain  oceanpremier4@gmail.com

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