COVID-19 : les autorités ivoiriennes sortent enfin de la torpeur

Covid-19 : Alassane Ouattara entraine la Côte d'Ivoire vers le ...

Le Chef de l’Etat ivoirien annonçant le 07 Mai, un train de mesures censé amorcer le retour à la normal dans le pays.




Depuis bientôt deux mois, la CI était plongée dans une certaine confusion. Une peur panique avait totalement  paralysé  ses dirigeants. Pourtant avec 17 décès et 1398 cas au Lundi  04 Mai, on avait  presqu’envie de qualifier  de ‘’ quantité négligeable ‘’  les répercussions sanitaires du COVID-19 dans le pays. Le fait que le pays soit toujours « à  l’arrêt » était difficile à expliquer au regard de ces chiffres.  Les autorités ivoiriennes viennent enfin de sortir de leur torpeur.



Une peur irrationnelle ?


Quand on se plonge un instant dans les chiffres en Afrique, et qu’on relativise, alors on a du mal à comprendre pourquoi les pays africains ont tout arrêté  pour se barricader. On a du mal à comprendre cette peur qui continue de tétaniser nos dirigeants.


Au Lundi 04 Mai 2020, le bilan était  de  252 000 décès dans le monde, dont 1 766 en Afrique, soit  0.6% des décès !!!  Au niveau des cas détectés, on était à plus de  3 million dans le monde dont 43 912 en Afrique,  soit  1.43%  des cas !!!


Statistiquement nous sommes face à un phénomène aux répercussions assez marginales sur le continent. Le COVID-19 n’est certes pas à prendre à la légère, mais il ne faut pas non plus surestimer sa létalité. Après un peu moins de  trois mois (le premier cas en Afrique fut découvert le 14 Février en Egypte), L’Afrique totalise moins de 1% des décès,  et moins de 2% des cas de contaminations. Faut-il continuer à avoir peur ? A se barricader et mettre nos pays à l’arrêt ?



Les limites de la stratégie de confinement en Afrique


Les pays africains ont tous suivi avec plus de moins de cohérence les stratégies de confinement et d’isolation des capitales mises en œuvre en Asie et en Europe.  L’objectif  du  confinement est simple.  Fixer les gens sur place afin de détecter et d’isoler les malades, les empêcher ainsi de se déplacer pour ne pas répandre la maladie.  


Dans la ville de Hubei en Chine là où tout a commencé, le confinement fut strict durant  trois mois. Les habitants avaient interdiction de sortir,  et devaient  signaler tous ceux qui avaient des symptômes précis.  La province dans laquelle se situe cette ville était aussi  isolée du reste du pays.  Cette méthode radicale a permis de ‘’ casser net  ’’ la propagation de la maladie au reste du pays.   Le schéma fut repris en Europe et aux Etats-Unis avec moins de rigueur, et donc aussi avec moins de réussite.


Dans les pays africains, il n’y a eu de confinement strict mais des couvre-feux, en plus de mesures telles que la fermeture des écoles, des  lieux de culte, bars et restaurants, l’interdiction de regroupements etc….…Certains pays ont  isolé  la capitale du reste du pays. Un couvre-feu  n’interdit pas totalement le déplacement des populations à la différence du confinement strict. Ce qui pose le problème de son efficacité pour enrayer la propagation du virus à l’intérieur des capitales,  qui ne l’oublions  pas,  concentrent l’essentiel de la population et de l’activité des pays.


Ainsi en Afrique les chiffres sont  continuellement à la hausse, car l’absence de confinement strict n’a pas permis de ‘’ casser ‘’  la propagation de l’épidémie à l’intérieur des capitales. C’est quelque chose qu’on pourra difficilement arrêter. Il faut être lucide. Bien entendu les autorités ne pouvaient pas  imposer un confinement comme celui vu en Chine. Cela aurait « tué »  l’économie, et entraîné des émeutes.  Il n’est pas  certain qu’on  aurait eu les moyens de le faire appliquer.


Mais une chose reste néanmoins certaine,  l’Afrique est ‘’ largement épargnée ‘’ au regard des chiffres. L’accélération des  contaminations et des décès tant  prédit par beaucoup d’experts depuis maintenant quatre mois ne s’est pas produite, et ne se produira certainement pas. Il  ne faut pas  y voir l’efficacité des mesures mises en place dans les différents pays, mais  l’action de la Nature à travers  deux ‘’ barrières’’ dont nous avons parlé  dans le précédent article. Un  climat chaud humide qui « disloque »  le virus  (comme l’a clairement montré une étude américaine), et les défenses immunitaires des populations noires, beaucoup plus  « réactives ».


Le malentendu autour des « guérisons »


Beaucoup d’Etats africains publient régulièrement des statistiques  sur des cas de guérisons, comme preuve de la prise en charge effective des malades.  Il y a une immense confusion à ce niveau. Une personne qui est dépistée positive et mise en observation,  peut ne pas développer  la maladie. Le virus disparaît de lui-même dans le corps.  C’est ce qui se produit dans la majorité des cas.  Le Ministre Hamed Bakayoko de la Défense avait été diagnostiqué positif. Après une période de  quarantaine il  a été déclaré négatif.  Peut-on  pour autant le déclaré ‘’ guéri ‘’  alors qu’il n’a pas développé la  maladie ?


Il y a guérison lorsqu’un malade sort de la réanimation après avoir été mis sous respirateur ou sous oxygène. Le  cas le plus célèbre est celui du Premier Ministre Anglais, Boris Johnson qui de peu a failli être emporté. En Europe, on communique toujours le nombre de malades en réanimation,  c’est l’indicateur qui est le plus surveillé, parce qu’un malade qui  sort de la réanimation est comptabilisé soit dans les guérisons, soit dans les décès. 


Le nombre de personnes diagnostiquées positives permet de juger de l’efficacité des mesures prises pour enrayer la propagation de la maladie. Par contre le nombre de personnes en réanimation permet de juger de la capacité des autorités sanitaires à prendre effectivement en charge les personnes qui ont développé la maladie.  Ainsi les autorités ivoiriennes devraient aussi communiquer régulièrement cet indicateur,  qui donne un tableau plus conforme de la situation des guérisons.



Comment ‘’ casser ‘’ la psychose ?


Depuis le 01 Mai dernier, les centres de dépistage de proximité installé dans certaines communes d’Abidjan sont opérationnels. Les populations sont invitées à les  fréquenter.  Au  regard de la psychose, il y a tout lieu de croire qu’ils resteront désespérément vides. Mais il y a pire, les centres de santé ordinaires sont aussi de moins en moins fréquentées, les populations craignant d’être dépistées à leur insu.


Les autorités accusent les réseaux sociaux d’entretenir la psychose. Cette explication n’est certes pas  à écarter, mais il faut aussi prendre en compte  la peur-panique manifestée au sommet de l’Etat dès le début, une peur qui s’est transmise à la population. Si les autorités avaient fait preuve de sang-froid  et de discernement, si la communication gouvernementale avait été calibrée dans ce sens, le moral de la population n’aurait pas été aussi bas. Les autorités ont donné l'impression de  «  naviguer à vue ». On ne  savait pas où partait le bateau.


Certains diront qu’il fallait « faire comprendre »  la gravité des choses aux populations afin que les gestes barrières et les comportements prescrits soient respectés.  Peut-être, mais cela n’explique pas la confusion qui s'est installée jusqu'à l'annonce du Président Le 07 Mai.  Les autorités semblaient ne pas savoir où elles allaient. Le pays donnait l'impression ne n'être pas dirigé.   


Et pourtant avec un taux de létalité se situant entre 1 et 3 % en Afrique, le COVID-19 est loin d’être une plaie d’Egypte, d’autant plus que ce  taux doit être  plus bas encore du fait  de personnes atteintes qui ne sont pas dépistées, et  ‘’guérissent ‘’ d’elles-mêmes.  On peut comprendre la peur-panique du  départ. Mais au fil des semaines, la communication gouvernementale aurait dû  s’adapter pour insuffler de l’optimisme au sein de la population.



A quand le retour à la normal ?


En  Europe le nombre de nouveaux cas, le nombre de personnes en réanimation et le nombre de décès,  sont orientés à la baisse depuis un certain temps. Cette  tendance lourde confirme bien que le  « pic »  de l’épidémie  est passé. La courbe est dans sa « phase descendante », comme le disent les spécialistes.  Aussi  l’heure est au déconfinement. 


En Afrique les choses sont beaucoup plus floues. Si  les chiffres des contaminations et des décès sont très  faibles, ils sont néanmoins orientés  à la hausse. Va-t-on  aussi attendre que la courbe soit dans sa « phase descendante »  afin d’amorcer le retour à la normal ? Ce serait faire totalement faire fausse route. Les autorités ivoiriennes viennent de le comprendre en annonçant le 07 Mai  une série de mesures censées amorcer le retour du pays à la normal.


Car il y aura toujours des cas. Pour gérer cette situation, il faut mettre en place un système de détection permanent. Détecter et tracer le déplacement des malades grâce à leur portable reste la seule issue. Mise en œuvre en Chine, la solution est maintenant adoptée partout.  Une application de Google existe prête à l’emploi.  Au lieu de perdre encore une fois du temps, nos gouvernants devraient œuvrer à l’adapter. On pourra ainsi suivre en temps réel les cas positifs, sans perturber l’activité.


En lieu et place de l’isolation du « Grand Abidjan », on peut installer des points de dépistage systématique  aux six  corridors d’entrée  de la ville d’Abidjan.  Le dépistage doit être la condition d’entrée et de sortie de la ville.  Tous ceux qui entrent ou  qui sortent de la ville doivent  ainsi dépistés sur la base d’une pièce d’identité,  et d’un portable avec une  carte Sim  identifiée au nom de la pièce.


Un poste de dépistage obligatoire peut  aussi être installé à l’aéroport, et  dans le port pour tous ceux qui entrent en CI.  Le dépistage peut aussi être obligatoire pour tous les concours de la fonction publique. L’accès à certaines institutions d’importance telles que la Présidence, la Primature, l’Assemblée nationale, le Sénat peut être conditionné  à un test de dépistage etc….. Il faut réfléchir à ce genre de dispositions.


Concernant le volet économique, l’Etat a mis en place un certain nombre de fonds pour indemniser certains secteurs. Mais encore une fois, en  l’absence de tout  dispositif indépendant de supervisation et de contrôle, il y a tout lieu de croire que ces fonds n’iront pas à destination, du moins dans leur intégralité. Car la CI reste un pays gangrené par la corruption en dépit du déni de nos autorités sur la question.


Il faut prévoir une expertise indépendante. En clair, un cabinet privé (international de préférence) doit intervenir dans le processus de distribution, au terme duquel  un deuxième cabinet devra produire une contre-expertise de tout le travail effectué. C’est la seule issue pour éviter les abus. Abandonner ces fonds entre les mains des fonctionnaires des différents ministères ne serait pas une démarche  merveilleuse.  Nous le savons tous. Nous disons néanmoins '' chapeau ''  à nos autorités. 
Douglas Mountain

Commentaires

  1. Merci pour vos commentaires que j'apprécie, c'est pour cette raison que je les lis toujours.
    Dites moi, vous vous êtes fait dépister ?
    Nos autorités nous ont elles montré à la télévision des images entrain de se faire dépister ?
    On apprend à tord ou à raison que c'est une forme de vaccins empoisonnés.
    J'aurais voulu que pour mettre la population en confiance, que nos responsables nous montrent leurs images où ils se sont fait dépister à commencer par le PR.
    La population a besoin de faire confiance à leurs dirigeants.
    Merci pour vos chroniques

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