Tidiane Thiam va -t-il '' reconsidérer '' sa position ?
Technocrate mondialement admiré, Tidiane Thiam (TT) ferait un candidat sérieux pour la présidentielle d’Octobre. Mais il refuse toute activité politique. Cependant la récente décision du président de ne pas se représenter pourrait l’inciter à « reconsidérer » sa position.
Finalement sur la ligne de départ ?
TT fut le concepteur des « douze travaux de l’éléphant d’Afrique » dans les années 90, un ensemble de grosses infrastructures qui devaient mener la CI à l’émergence dès l’année 2000. Le train urbain, les troisième et quatrième ponts, le stade olympique, le prolongement de l’autoroute etc…..sont autant de projets qui portent la patte de TT.
En 2018 le Président Bédié l’avait proposé comme candidat du rhdp. L’homme avait pour une première fois écarté cette éventualité. Le 07 Février dernier, sa démission du Crédit Suisse a encore relancé les spéculations. Il a de nouveau démenti toute visé politique, tout en mettant encore une fois l’accent sur son bilan à la tête du BNTED et du Ministère du plan dans les années 90. Pour certains , c'est le signe que l'individu laisse « la porte ouverte » ?
Titulaire de diplômes prestigieux, TT est un technocrate aux compétences mondialement reconnues. Son nom fut même cité lors de la succession à la tête du FMI en 2019. C’est dire la notoriété de ce garçon, qui a aussi la nationalité française.
La décision du Président de ne pas se représenter crée une « ouverture ». TT a certes « tranché la question », mais il se murmure qu’il « continue d’y penser ». Le principal obstacle serait sa timidité, qui l’empêcherait de sauter le pas. C’est ce démon intérieur qu’il doit vaincre selon certains. Le PDCI désigne son candidat en Juin. D’ici là, tout reste possible.
une infrastructure qui porte la marque de TT.
Son parcours en CI débute en 1994 lorsqu’il est nommé Directeur Général du BNETD. Cette structure avait un rôle majeur dans les années 80 et 90 en matière économique. A sa tête, TT formalisa dans un plan détaillé, le chronogramme de réalisation, et les modalités de financement de douze grosses infrastructures prévues de longue date. Ce fut les ‘’ Douze Travaux de l’Eléphant d’Afrique’’.
Nommé Ministre du Plan en 1996, il avait les pleins pouvoirs pour exécuter ce plan. Il mit en œuvre le premier partenariat public privé avec la centrale d’Azito, inaugurée en 1998. Ce partenariat fait référence en Afrique. La même année il lança le chantier du troisième pont (aussi un PPP), pilota la lutte contre la pauvreté, le chômage, et coordonnait l’action du gouvernement.
Il était un ‘’ Premier-Ministre bis’’, le Président Bédié s’appuyant plus sur lui au détriment de Duncan, dont il se méfiait visiblement. Il se serait élevé encore plus vers le « sommet », mais les événements de Décembre 1999 ont brutalement mis fin à son parcours.
TT et la transition militaire
Après le putsch de Décembre 99, Tidiane Thiam fut le seul ministre du gouvernement renversé à avoir entrepris une passation de charges en bonne et due forme avec son successeur au Ministère du plan, Seydou Diarra (qui sera PM à deux reprises). Le général Gueye lui avait proposé de prendre la tête du nouveau gouvernement, ce qu’il a refusé.
Il faut rappeler que tous les autres ministres s’étaient volatilisés, étaient mis aux arrêts ou assignés à résidence. TT était bien le seul qui fut libre de ses mouvements, preuve de la grande estime dont jouissait ce garçon, y compris chez les militaires qui venaient de renverser le Président Bédié. Toutefois ces événements l’ont profondément affecté. Il aurait confié qu’il ne viendrait jamais plus occuper un poste politique en Afrique. Vingt ans plus tard, campe-t-il toujours sur cette position ? Apparemment tout porte à le croire.
Cependant pour beaucoup, si le PDCI s’exprimait clairement, unanimement et d'une voie forte, cela « changerait beaucoup de choses ». Comme tous les timides, il ne veut pas s’imposer, bousculer '' l'ordre établi ''. Il a besoin d'être rassuré sur ce point. Or après l’avoir proposé, le Président Bédié semble s’être rétracté. Il n’est plus sûr qu’il veuille aujourd'hui passer la main, semblant plutôt avoir en ligne de mire sa « revanche », ou plutôt sa « vengeance » sur Décembre 1999.
Bientôt le duel Tidiane Thiam / Gon Coulibaly ?
Suite à sa démission du Crédit Suisse, un certain Laurrain Ledou sorti de nulle part, et qui se trouve être un proche de Mabri Toikeuse, a produit un article dans un organe de la place où il met en garde TT sur ses intentions. Pour lui, l’homme doit réfléchir à deux reprises, car« ce n’est pas en huit mois qu’il pourra faire l’unanimité des ivoiriens sur sa personne ».
Cette sortie surprend parce qu’elle n’émane pas de l’entourage du PM Gon Coulibaly. Mabri Toikeuse a certes décidé d’être candidat, mais il n’est pas en première ligne. Pourquoi se sent-il tant menacé par une éventuelle candidature de TT au point de faire produire cette déclaration ? Ou alors ne fait-il que relayer l’inquiétude ressentie en plus haut lieu ?
En vérité ils ont tous raison d’avoir peur. Personne ne tiendrait cinq minutes dans un débat avec TT sur l’économie. Ils en sont conscients. Si TT se lançait, il aurait immédiatement un impact profond sur les foules, parce qu’on sentirait tout de suite son intelligence. Il n’aurait pas de contradicteurs dans la place, à l’image d’un certain Alassane Ouattara au début des années 90.
Il est intéressant de constater le parallèle entre ces deux personnalités : des diplômes universitaires prestigieux, une carrière débutée très jeune dans les hautes institutions financières, une expérience ministérielle à domicile en CI, et un destin politique qui leur tend la main. Les allégations sur la nationalité de TT rappellent certains souvenirs. Elles reflètent la peur qui habite ses adversaires potentiels. Notons que le Président Houphouët avait aussi un œil sur ce garçon, qui fut le premier Ivoirien à intégrer l’école polytechnique de paris, ce qui fut en son temps une fierté pour la CI.
Personne n’échappe à son destin, dit-on. TT est un garçon au-dessus de la mêlée, qui demeure un atout précieux pour le PDCI. Après avoir brillé sur le plan international, n’est-il pas temps pour lui de rentrer au bercail ? Naturellement les obstacles seront nombreux y compris dans son propre camp. Mais que vaut une victoire sans obstacles ? So let’s go Tidiane Thiam.
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