Les Noirs sud-africains sont-ils en capacité de gérer ce grand pays ?

 Abidjan le 03 / 09 / 21

Scènes de chaos et de désolation  au lendemain des émeutes et des pillages  de juillet  2021


        

L’Afrique du Sud : un pays sur le déclin ?

 


Fierté du continent africain il y a une vingtaine d'années, l'Afrique du Sud offre aujourd'hui un visage triste et inquiétant. Du 07 au 12 Juillet dernier, dans la foulée de l'arrestation de l'ex-président Jacob Zuma, se sont produits les émeutes et pillages les plus destructeurs que le pays a connu, depuis qu'il est passé entre les mains des Noirs. Avec un bilan officiel de 340 victimes, les pillages et saccages ont été d'une ampleur telle qu'on s'est mis à craindre pour la stabilité du pays. L'armée a dû intervenir pour rétablir l'ordre car des milices commençaient à se constituer.


Le pays connaît régulièrement des vagues de violences à caractère xénophobes. Cette fois-ci, les violences étaient dirigées contre les magasins et les entrepôts du pays. Face à la récurrence de tels événements, une question est aujourd'hui présente dans les esprits, les Noirs sud-africains sont-ils en capacité de gouverner le pays ?  Aujourd'hui, les candidats à  l'émigration en Afrique du Sud sont plutôt rares, alors qu' au début des années 2000, toute la jeunesse du continent n'avait d'yeux que pour ce pays, qu'on présentait comme la terre des nouvelles opportunité. On parlait même du " rêve sud-africain" , à l'instar du rêve américain. 


Hélas, ceux qui ont gouverné depuis 1994, nos frères de l'ANC, n'ont pas vraiment accompli des prouesses. Sur tous les indicateurs, l'Afrique du Sud a reculé, notamment l'emploi. Avec 42% de chômeurs avant la pandémie ( certainement plus aujourd'hui ), l'Afrique du sud se situe dans les profondeurs du classement. Cet indicateur symbolise les limites des autorités, et explique les vagues de violences que le pays vit régulièrement. Le chômage et la précarité alimentent le ressentiment envers les étrangers. Les Noirs se rendent comptent que rien n’a bougé depuis leur « libération ».  Ils en veulent à leurs dirigeants, et au moindre incident, les étrangers sont ciblés.

 

Lorsque l'ANC accède au pouvoir, le parti met en place la politique de « discrimination positive », qui consistait à retirer les blancs de l’administration pour les remplacer par des Noirs. Puis est votée la loi sur les privatisations, ensuite celle sur les quotas au sein des entreprises. Cette « africanisation » de l’économie a été menée dans le népotisme et le clientélisme. Les responsables de l’ANC se sont enrichis, tandis que les jeunes diplômés blancs ont quitté le pays en masse. Les entreprises publiques se sont écroulées du fait de la corruption, surtout sous l'ère Zuma. Sur les dix premières fortunes d'Afrique, six sont sud-africaines. En réalité les milliardaires sud-africains doivent leur fortune aux privatisations et marchés d'Etat, à la différence de ceux du Nigéria qui ont commencé tout petit pour grandir ensuite. 

 

Aujourd'hui l'ANC ne peut plus offrir d'emplois, et cherche un bouc émissaire pour expliquer les difficultés. Ainsi les autorités peaufinent un plan pour arracher les terres aux fermiers blancs et les « redistribuer » aux Noirs. Incapable de relancer l'emploi, l' ANC se lance dans cette politique risquée, qui fut menée au Zimbabwe, où elle fut violente et désastreuse. Dans ce pays qui jadis était aussi gouverné par une minorité blanche, les Noirs ont été incapables d’administrer les exploitations qu’ils avaient reçues. La production s’est effondrée, des milliers d’ouvriers agricoles ont perdu leurs emplois, et la famine s’est progressivement installée, alors que le pays était le "  grenier " de toute l'Afrique australe.


Le résultat sera le même en Afrique du Sud pour la simple raison que les Noirs dans ce pays, ne vont pas devenir des business-farmers du jour au lendemain à l'image de ceux du Zimbabwe. Malgré les mises en garde, les héritiers de Nelson Mandela maintiennent la réforme, pour disent-ils « réparer une injustice historique ». Pour beaucoup d'experts, l'ANC joue ses dernières cartes. Cette réforme va à coup sûr engendrer de la violence, du chômage, de la confusion, et une émigration massive des blancs, principalement vers l’Australie qui s’est proposé d’accueillir les fermiers qui seront victimes d'expropriation. Va t-on continuer de parler de la « nation arc-en-ciel » ? 



L'ex-Président Jacob  Zuma  déguisé  en  guerrier  zoulou.                                                                                                Durant sa présidence (2009 - 2018) le pays a fortement reculé.


Vingt-cinq ans de gouvernance de l’ANC ont plus rapproché l'Afrique du Sud des standards africains qu’européens. Les infrastructures publiques se dégradent, l’économie est gangrenée par la corruption, la violence est partout, et on vaguement l'impression que le pays n'est pas gouverné.  La pandémie du Covid-19 a encore accentué la confusion dans le pays. Si au début des années 2000, l'Afrique du Sud représentait un modèle pour toute l'Afrique, ce n'est plus le cas aujourd’hui. Certes la démocratie sud-africaine fonctionne. Mais lors des dernières élections de 2019, on a assisté aux premières contestations de résultats. C'est peut-être les premières fissures qui apparaissent dans l'édifice. Si le nombre de chômeurs continue de grossir, la stabilité du pays en sera nécessairement impactée.


Lors d'un meeting avant qu'il n'accède au pouvoir, l’ancien Président Jacob Zuma prononça sa célèbre prédiction : « l’ANC restera au pouvoir en Afrique du Sud jusqu'au retour de Jésus Christ de Nazareth ». Cette phrase est devenue un slogan au sein de l'ANC comme pour dire que ce parti gouvernera toujours le pays.. Pourtant le délabrement de l'économie et la désillusion ont fait fondre son électorat. Aujourd'hui ce sont les campagnes qui votent pour l'ANC. Si personne ne peut se hasarder à donner une indication quant au retour de Jésus Christ, les experts s'accordent à dire qu'entre 2025 et 2030, l'ANC devrait perdre sa majorité absolue au parlement, et donc ne plus pouvoir nommer seul le président de la république ( le président n'est pas élu directement, mais nommé par le parlement à la majorité simple ). 


Le rêve est désormais éteint dans le coeur des Noirs d'Afrique du Sud, ils ne se font plus d'illusions. Comparer la période actuelle et celle de l’apartheid reste tabou pour eux. Pourtant tout au fond d’eux, ils s’interrogent, et doutent désormais de cette liberté que l'ANC prétend leur avoir apportée. Lentement mais sûrement le pays devient un nouveau Zimbabwe, il devient un « vrai » pays africain. Cette faillite incombe entièrement à l’ANC de l'avis de tous.                      Douglas Mountain   oceanpremier4@gmail.com


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