Présidentielle 2025 : les carottes déjà cuites pour Jean Louis Billon ?

 Abidjan, le 08 Novembre 2021

L'heure  de  Jean  louis Billon  va-t-elle sonner  en  2025 ?  L'homme  y  croît dur  comme fer et s'est mis              en campagne pour obtenir l'investiture de son parti. Mais des obstacles se dressent, et ils sont de taille.

Bien malin celui qui pourra dire l'objectif réel du président Bédié à travers les décisions prises le 4 Novembre dernier sur la réorganisation de son parti. Prépare-t-il son retrait, ou veut-il au contraire rester encore dans la place en perspective de 2025 ? Une chose est sûre, l'homme a renforcé son pouvoir, en gérant désormais directement les finances du parti. Il a certes nommé des vice-présidents qu'on peut qualifier de jeunes, mais il semble avoir envoyé un message, c'est lui qui tient la barre. Un message peut-être destiné à Jean Louis Billon et tous ceux qui sont tentés de le suivre. L'homme a déclaré sa candidature à l'investiture du parti pour la présidentielle 2025 le 20 Septembre dernier, et depuis mène ouvertement campagne. Il a rencontré le président Bédié le 28 Septembre pour  « lui réaffirmer sa fidélité et sa loyauté, et lui faire part de son ardent désir d’être le candidat du parti pour 2025. » 

 

Selon ce qu’on a pu entendre des coulisses de la rencontre, le Président Bédié lui aurait signifié qu’il n‘interdisait à personne de briguer l’investiture du parti. Toutefois, le moment venu, le parti choisirait son candidat à la Présidentielle en conformité avec les textes. En retour, Jean Louis Billon aurait donné l’assurance qu’il se soumettrait à ce choix, « quel qu’il soit », et ne ferait jamais cavalier seul (à l’image de KKB pourrait-on dire).

 

Au lendemain de cette rencontre, Jean Louis Billon accélère sur le terrain, avec des rencontres ici et là, des interviews, et même une « tournée »  dans le Guémon. Il déclare un peu plus tard que sa candidature est maintenue, accentuant un peu plus la défiance avec le président Bédié. Pour  ses détracteurs, il veut saturer l’espace pour imposer sa candidature « dans les esprits ». Pour l’intéressé, sa démarche vise simplement à mettre la question du « renouvellement générationnel » sur la table dès maintenant, afin que le candidat du parti en 2025 « soit un jeune ». Il se défend de forcer le Président Bédié à prendre sa " retraite politique ".

 

Malgré toute l’énergie qu’il déploie, on voit difficilement sa démarche aboutir, pour deux raisons évidentes. Tout d’abord comme en 2020, le Président Bédié n’a pas totalement fermé la porte à une candidature. S’il décidait « d’y aller », alors Billon serait obligé de « rentrer dans les rangs », puisqu’il a exclu lui-même une candidature dissidente. Ensuite, si le président Bédié décidait de ne pas se représenter, ou si cette fameuse loi de limitation de l’âge des candidats à la présidentielle était finalement votée, cela ne signifierait pas que la course pour sa succession serait automatiquement ouverte. Le Président Bédié va certainement prendre soin de choisir son successeur et l’imposer. C’est une évidence. Et le fait que Jean Louis Billon soit entré « en dissidence larvée »,  ne fait pas de lui la personne idéale.  

Ainsi tout porte à croire que Jean Louis Billon a « grillé ses cartes » en annonçant  sa candidature pour 2025 de façon précoce, et surtout sans au préalable avertir " le père de lieux". Mais la plus grosse menace à sa candidature pourrait venir de la France et s'appeler Tidjane Thiam. Plusieurs articles de presse en début de mois ont affirmé que le Président Bédié avait décidé de lui passer la main. Ce n’est certes pas la première fois que ce bruit court. Mais cette fois, quelque chose semble avoir été décidé dans ce sens. 

Samedi 06 Novembre dernier, au Palm Club de Cocody,  La Renaissance du Bélier, un mouvement qui milite pour le retour de Tidjane Thiam  " auprès du Président Bédié " a été lancé. L’initiative vient d’un certain Kanté Koffi Patrice, citoyen ivoirien résidant en France qu'on dit être une connaissance de Thiam. Sur Facebook, les groupes de soutien ont de nouveau fleuri. Visiblement « quelque chose bouge ». Il ne faut pas croire que le poste laisse l'homme indifférent. En 2020, il était prêt à "faire le pas" si le Président Bédié le lui avait "clairement demandé" selon plusieurs sources. On Parle de sa venue pour cette fin d'année.

 

Les carottes sont-elles donc cuites pour Jean Louis Billon si Thiam atterrit dans la place ? Dans tous les cas, le premier poursuit sa « campagne d’explication » sur le terrain. Sur une chaîne de télé privée, il a mis en garde le parti contre un choix « basé sur des critères ethniques». Billon est un garçon intelligent, travailleur, discipliné dit-on. Il est parfaitement outillé pour le job qu’il convoite. En décidant de briguer l’investiture de son parti, il a sans doute passé en revue les obstacles potentiels, notamment la possibilité d’une candidature du Président Bédié, le retour de Thiam en CI, ou la candidature de quelqu’un d’autre préféré à lui, entre autres Thierry Tano ( ex-Ministre de l'énergie et du Pétrole) , ou Alla Kouadio Rémi ( ex-Ministre de la santé, pressenti un moment à la succession de Bédié). On dit Billon déterminé à mener la bataille qu'il a commencée. 

L'homme a affirmé " qu'il rêvait de la présidence depuis ses années de lycée " !!! C’est un garçon à fort potentiel, qui ferait un super Premier-Ministre quel que soit le président en place, à l'instar de Daniel Duncan, Amadou Gon, et un certain.........Alassane Dramane Ouattara au début des années 90. Billon dégage aussi de l'autorité, nécessaire pour " tenir l'armée ". Il est honnête. Va-t-il avoir une chance de montrer ce dont il est capable  dans ce pays ? Il est vrai que Tidjane Thiam est pris comme un demi-dieu devant lequel Billon ne ferait pas le poids à priori. Mais c'est un valeureux garçon, et tout porte à croire qu’il faudra compter avec lui dans ce renouvellement générationnel qui tôt ou tard devra être mis en œuvre dans ce pays.

Pour terminer disons qu'il y a un "hic" avec Tidjane Thiam. Une disposition de l'actuelle constitution semble ne pas lui permettre de faire acte de candidature à la Présidentielle. Elle stipule que  le potentiel candidat à la présidentielle "ne doit pas s'être prévalu d'une autre nationalité".  Or Thiam semble avoir acquis la nationalité française. Le débat avait déjà eu lieu en 2020. C'est une question qui va se poser rapidement et qui va déclencher un débat enflammé si l'homme rentre effectivement en CI.

 

Douglas mountain

Le Cercle des Réflexions Libérales

oceanpremier4@gmail.com