Les " fonds covid " : Comment l'Etat ivoirien s'est-il assuré qu'ils sont bien parvenus à destination ?
Les " fonds covid " : pourquoi aucun audit n' a été commandité par l'Etat sur leur utilisation ?
Dans la foulée des mesures prises pour endiguer la propagation du Covid-19 en Côte d'Ivoire, l'Etat avait pris des dispositions d'urgence à partir d'Avril 2020 en direction de certaines catégories socio-professionnelles, pour amortir l'impact de la pandémie sur les activités économiques. Ainsi les producteurs de café et de Cacao s'étaient vu allouer une somme de 17 milliards de FCFA sur un total de 150,8 milliards destinés à soutenir l'ensemble des filières agricoles ( https://www.gouv.ci/_
En Décembre dernier, les producteurs de Café Cacao regroupés au sein de plusieurs syndicats de coopératives, disaient ne pas avoir encore vu la couleur de cet argent, et menaçaient "d'envahir et de paralyser le plateau". Pourtant, le président du Conseil Café Cacao ( CCC ) prétendait avoir achevé la distribution des fonds, et même avoir déjà remis son rapport aux ministères de tutelles ( Agriculture et Budget ). Qui disait vrai dans ce bras de fer ?
La réponse à cette question est venue d'elle-même lorsque le Président du CCC, sous la pression et devant les preuves brandis par les syndicats a fini par reconnaître que sur les 17 milliards, 11 avaient été "effectivement distribués", et donc 06 milliards restaient encore "en possession du CCC". Cet aveu avait fait baisser la tension. Restait à se mettre d'accord sur les modalités de distribution de cette somme. Et depuis plus rien n' a filtré. C'est le silence radio. Les coopératives ont-elles reçu leur dû ? Cela paraît fort peu probable. Comme cela se passe toujours en Côte d'ivoire dans de pareilles circonstances, les meneurs, ceux qui sont devant la fronde, reçoivent "quelque chose" pour se calmer et calmer leurs troupes. Et les choses en restent là.
Mr Koné Brahima Yves lors d'une séance au parlement ivoirien . Il jouit pour l'instant
de la confiance de l'exécutif malgré les remous créés par cette affaire.
Ce qui est difficile à comprendre dans cette affaire ( qui n'est pas la seule du genre en Côte d'Ivoire ), c'est l'absence de tout mécanisme de contrôle pour s'assurer que les fonds parviennent bien aux destinataires. Lorsqu'il y a contestation comme ce fut le cas avec les agriculteurs, un audit doit intervenir pour certifier ou non que l'argent est parvenu aux destinataires. Mais rien de tout cela n'est prévu. C'est extraordinaire que les choses soient organisées de façon aussi " artisanale". On donne de l'argent pour le distribuer à des organisations, sans que cela ne soit encadré par le moindre mécanisme de contrôle. C'est édifiant !!!
Les producteurs de Café Cacao ont eu l'audace de se plaindre, de porter l'affaire sur la place publique. Leur cas est-il le seul ? Qu'en est-il des producteurs des autres filières agricoles qui globalement devait recevoir 150,8 milliards FCFA ? Qu'en est-il des grandes entreprises qui devaient recevoir 100 milliards FCFA ? Des ménages qui devaient recevoir 170 milliards ? Des PME qui devaient recevoir 150 milliards FCFA ? Des petits commerçants et artisans qui devaient recevoir 100 milliards ? Hormis les rapports produits par les structures en charge de la distribution des fonds, rien ne peut certifier aujourd'hui que ces fonds ont bien été remis et en intégralité aux différentes catégories socio-professionnelles
Il a fallu que les coopératives du secteur Café Cacao donnent de la voie pour que l'opinion public se rende compte qu'ils n'avaient pas encore reçu, du moins dans l'intégralité, des fonds censés amortir l'impact du covid sur leurs activités, des fonds décidés en Conseil des ministres depuis Avril 2020 !! Cette situation n'est pas la première du genre en Côte d'Ivoire. Elle fait écho à la distribution des 24 milliards saisis sur les comptes des entreprises d'agri business en 2017. Elle fait aussi écho à la distribution des fonds dans l'affaire des déchets toxiques, une affaire toujours pendante, quelques 18 ans après les faits.
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
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